Alfred Sisley, le peintre impressionniste “maudit”

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Publié le

8 juin 2020
Art Contemporain, Peinture

Il est souvent difficile d’imaginer que le groupe des Impressionnistes ait pu connaître des difficultés de reconnaissance au démarrage. Penser qu’un tableau aussi célèbre que Impression. Soleil levant de Monet fût ignoré par ses contemporains est également plus qu’étonnant. Toutefois, si les artistes du courant des Impressionnistes réussirent à être acceptés de leur vivant, seulement un seul, Alfred Sisley, ne connut qu’un succès posthume.

La neige à Louveciennes, 1878
Alfred Sisley, La neige à Louveciennes, 1878,
Huile sur toile, H. 61 ; L. 50,5 cm, Paris, musée d’Orsay
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Sisley, l’homme discret

Parmi les Impressionnistes, certains peignent pour l’amour de l’art sans réels besoins financiers et d’autres, comme Sisley, Pissarro et Monet, ont désespérément besoin de vendre pour vivre. Alfred Sisley (1839-1899) peignait autrefois pour le plaisir lui aussi. C’est lors de la faillite et du décès de son père qu’il doit trouver un moyen de subsistance. La vente de ses toiles devient alors vitale. Sa rencontre avec le marchand d’art Durand-Ruel fin 1871 début 1872 marqua le début de leur collaboration. Comme ses camarades, il avait à coeur de renouveler l’art pictural de son temps au travers de ses sujets de prédilection : les paysages, la campagne, les phénomènes atmosphériques…

Sisley, Une matinée de Juin, 1884
Alfred Sisley, Une matinée de Juin (Saint-Mammès et les Côteaux de la Celle), 1884,
Huile sur toile, H. 54 ; L. 73 cm
©WikiArt

Discret, Sisley est considéré comme le “peintre maudit” de l’Impressionnisme. En effet, malgré tous ses efforts, il fût le seul à ne pas rencontrer le succès de son vivant. C’est dans la misère et la frustration de ne pas voir son art reconnu qu’il passa toute sa carrière de peintre. Une destinée incompréhensible étant donné son talent et l’accompagnement qu’il a reçu. Durand-Ruel, comme pour les autres impressionnistes, a pris grand soin de Sisley en achetant et en exposant régulièrement ses oeuvres. Mais rien n’y faisait, Sisley se vendait mal tout simplement.

Durand-Ruel et Alfred Sisley : une amitié vitale mais tumultueuse

Alfred Sisley, Vue du canal Saint-Martin, 1870
Alfred Sisley, Vue du canal Saint-Martin, 1870,
huile sur toile, H. 50 ; L. 65 cm, Musée d’Orsay, Paris.
©Photo RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Les échanges épistolaires entre Sisley et Durand-Ruel nous renseignent sur la situation de détresse financière dans laquelle l’artiste vivait. Régulièrement à cours d’argent, Sisley sollicite le marchand pour des prêts en échange de ses toiles. Malheureusement le krach de la banque de l’Union Générale de 1882 mis Durand-Ruel également dans de grandes difficultés financières. Malgré tout, il continua d’aider Sisley du mieux qu’il pu en lui réglant son loyer, en lui achetant des toiles et en continuant à faire sa promotion.

En 1883 Durand-Ruel organisa une exposition particulière dans sa galerie. Il choisit alors 5 artistes impressionnistes, dont Alfred Sisley. Mais ce n’est pas suffisant, ses toiles se vendent mal et l’artiste se retourne contre son marchand. En 1885, à l’instar de Pissarro et Monet, il dénonce les termes du contrat qui les lie. En effet, Durand-Ruel exige l’exclusivité chez chacun de ses artistes en échange d’un “salaire” versé tous les mois. Une pratique qui sur le long terme a échaudé plusieurs fois ses relations avec les Impressionnistes.

Sisley, Le pont de Moret, 1893
Alfred Sisley, Le pont de Moret, 1893
Huile sur toile, H. 73,5 ; L. 92 cm, musée d’Orsay, Paris.
©Rivage de Bohème – Analyse du tableau

Si tous sont revenus auprès de Durand-Ruel par la suite, Sisley est le seul à s’en être détourné complètement. Il choisit son concurrent, Georges Petit, en espérant vendre davantage. De son côté, et malgré ce retournement de veste, le marchand continua de vendre et d’exposer les oeuvres de son ancien protégé allant même jusqu’à présenter ses tableaux à New York en 1886 lors de la grande exposition.

Alfred Sisley, l’impressionniste des paysages

Contrairement à Renoir, Sisley préfère les paysages aux hommes. C’est d’ailleurs le sujet central de la plupart de ses tableaux : la campagne. Longtemps isolé, il peint dans les environs de Paris : à Louveciennes, Argenteuil, Sèvres, Moret-sur-Loing, Marly-le-Roi… Inspiré par les artistes Corot et Daubigny, c’est naturellement que ses toiles s’orientent vers des représentations paisibles.

Sisley, L'abreuvoir de Marly-le-Roi, 1875
Alfred Sisley, L’abreuvoir de Marly-le-Roi, 1875
Huile sur toile, H. 49,5 ; L. 65.4 cm, Londres, National Gallery
©National Gallery

La particularité de l’artiste est d’arriver à restituer des ambiances, notamment les ambiances atmosphériques. Ses compositions sont très équilibrées, stabilisées par des lignes structurantes et d’autres fuyantes qui ouvrent les paysages vers l’horizon. Homme discret et inquiet, ses tableaux dégagent une délicate mélancolie, signature sensible de l’art d’Alfred Sisley.

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