L’exception qui confirme la règle
Pour ceux qui me connaissent personnellement, vous aurez remarqué que je n’étais pas une grande amatrice d’art contemporain. Toutefois, comme ça a été le cas avec les photographies d’Alix Cléo Roubaud, il m’arrive souvent d’être touchée par une sensibilité, une esthétique, un regard. L’art contemporain est avant tout affaire d’interprétation, de conceptualisation, de démarches et réflexions qui font appel à l’intellect. C’est une chose que j’ai longtemps opposé à ce qui me faisait vibrer au fond. Ce que j’aime dans l’art, c’est la contemplation directe et simple d’une oeuvre dont l’esthétique trouve un chemin en nous et nous nourrit d’une manière ou d’une autre. À chacun de trouver sa sensibilité. De sorte que le Land Art, et en particulier l’oeuvre de Robert Smithson intitulée “Spiral Jetty” de 1970, fait parti de ces exceptions.
Malgré tout, et parce qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, j’aime être surprise. Il existe un bon nombre d’autres oeuvres qui ne m’émouvaient pas à la base qui y parviennent après explications sur le processus de création. Ce sera l’occasion d’autres articles à venir…
La beauté du temps qui passe
Oeuvre majeure de Land Art, “Spiral Jetty” est réalisée par un artiste visionnaire, mort précocement dans un accident de vol. Le Land Art est une pratique artistique qui vise à sortir l’art des galeries et des musées. Outre le point de vue totalement différent qu’a le spectateur sur l’oeuvre, c’est aussi une proposition d’art éphémère. L’installation est soumise aux intempéries et aux dégradations diverses du temps.
Robert Smithson fait parti de ces artistes modernes qui ont cherché à représenter plastiquement le temps qui passe. Ainsi, l’oeuvre se transforme au fil du temps et rend une notion alors subjective complètement objective.
Une installation très complexe
Ce qui m’a surprise c’est l’importance du projet réalisé par Robert Smithson. Pour réaliser son oeuvre il choisit un grand lac salé dans la région désertique de l’Utah aux États-Unis. “Spiral Jetty” est le résultat de l’aménagement dans l’eau de 7000 tonnes de roche basaltique noire amenées par camion. Cette installation in situ représente une spirale de plus de 450m de long.
Ce lac a comme particularités d’être très chargé en sel et d’avoir de grandes fluctuations de niveau au cours du temps. Lors de l’installation en 1970, le niveau de l’eau était très bas, ce qui permis de concevoir la spirale. Ensuite, durant 30 ans, l’oeuvre fut submergée par les eaux et devint invisible. Jusqu’en 2002 où un épisode de sécheresse la fit rejaillir pour disparaitre à nouveau. Ce qui est fascinant, c’est de voir une oeuvre d’une telle ampleur soumise aux aléas extérieurs. En effet, chargée en sel, l’eau a fini par blanchir la roche en basalte et à rosir l’eau autour de l’oeuvre. L’effet rendu en est quasi poétique et irréel. Une oeuvre intemporelle, en spirale infinie qui s’abime et s’embellit au fil du temps.
Pour visiter l’installation : site officiel