Marie Bovo expose jusqu’au 23 août 2020 à la Fondation Cartier-Bresson
C’est avec grand plaisir que je retrouve les expositions après cette longue période de confinement. Nous allons commencer par ce que je préfère, à savoir la photographie.
À voir : L’article sur les photographies d’Alix Cléo Roubaud
Les locaux épurés et calmes du lieu ainsi que le petit nombre de visiteurs ont permis de profiter de l’exposition. Marie Bovo expose à la Fondation Cartier-Bresson différentes séries de clichés. Chacune présente une histoire, un moment de vie très personnel, qu’elle raconte avec beaucoup de poésie. Saisir l’instant, l’émotion, le souvenir, c’est la magie de cette pratique. On y découvre le talent technique de Marie Bovo aussi bien que son oeil d’artiste.
« Photographier la nuit implique l’usage de la pause longue, et l’une des particularités de la pause longue c’est d’ajouter du temps à la mesure de la lumière. »
Marie Bovo
Photos de nuit, photos de couleur
Parmi les oeuvres argentiques en grand format qui scandent les murs, j’ai été frappée par la richesse des ambiances colorées. Des photos qui étonnent par leurs couleurs, leurs ambiances et leur lumière malgré les dominantes de noirs. En effet, les Nocturnes prises par l’artiste sont, comme leur nom l’indique, prises de nuit. Pierre Soulages utilise également la magie du noir pour rendre ses toiles lumineuses et mettre en valeur la couleur via des processus de travail de la matière.
Photographe et humaniste, l’exposition de Marie Bovo proposée par la Fondation Cartier-Bresson montre une photographe attachée au temps, à la mémoire, aux rapport humains et à ces petits riens qui rendent à chaque instant leur beauté. Pour peu qu’on prenne un temps de pause suffisamment long pour les capturer.
Les séries à découvrir
Ses séries, au-delà de leur aspect esthétique, sont une véritable mémoire des lieux, d’une atmosphère et une capture du temps suspendu. Les camps de Rom des faubourgs de Marseille lui a demandé un effort de créativité sur le long terme mais aussi d’acceptation de ses habitants. Marie Bovo a réalisé des clichés mettant en scène les couches des habitants vues du ciel le long d’une ligne de chemin de fer. Comme un patchwork coloré, à la limite de l’abstraction qui capte l’oeil grâce à ses nuances colorées.
À Marseille également, toute une série dans laquelle elle nous amène à lever les yeux au ciel. On y découvre clichés pris depuis la cour intérieure d’immeubles. La trouée de ciel est traversée de diagonales colorées par le linge qui sèche, qui rappelle les habitants endormis mais aussi leurs liens ténus. Aujourd’hui disparues, ses cours faisaient partie du patrimoine de la ville.
Marie Bovo a également photographié, avant leur disparition, les murs en d’un très ancien kebab de la ville. Ces murs racontaient l’histoire de Marseille depuis l’époque phénicienne. Historique et unique en son genre, le kebab a malheureusement été racheté et le nouveau propriétaire a recouvert la faïence par des matériaux modernes.
En face à face avec Martine Franck
Une deuxième exposition était consacrée à la photographe Martine Franck. Épouse d’Henri Cartier-Bresson, son oeil d’artiste propose une vue très différente de Marie Bovo. Ses portraits en noir et blanc sont remarquables par leur simplicité et leur authenticité. Attachée à la personnalité de chacun, elle captait des regards et des expressions loin de la pose calculée. Une portraitiste donnant une grande importance aux yeux et aux mains de ses sujets. Une pièce simple, des cadres sobres aux dimensions modestes et des photographies soignées qui nous font découvrir chez chacun de ses modèles tout un univers.
Aller plus loin
Site internet de la Fondation Cartier-Bresson – au sujet de l’exposition