Le Caravage, “David tenant la tête de Goliath”, 1610, Rome, Galerie Borghese

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Publié le

20 avril 2020
Peinture, Renaissance
Caravage David tenant la tête de Goliath

Merisi Michelangelo detto Caravaggio (1571-1610), dit Le Caravage, est un des peintres les plus célèbres et renommés de sa génération. Il n’eut toutefois jamais d’élève à proprement parler, bien qu’il fut à l’origine d’un grand renouveau dans la peinture au XVIIe siècle. De sorte qu’il influença un grand nombre d’émules. Il attira l’attention du public grâce à son art et s’inscrit comme un incontournable de l’âge d’or de la peinture. David tenant la tête de Goliath demeure l’une de ses oeuvres majeures. Cette toile synthétise parfaitement son apport à la peinture du XVIIe siècle.

Portrait du Caravage par Ottavio Leoni
Ottavio Leoni, Portrait du Caravage, c. 1621, Bibliothèque Marucelliana, Florence, Italie

Un des premiers “peintres maudits”

Ses “disciples” ou plutôt continuateurs, étaient le plus souvent de jeunes artistes originaires de toute l’Europe. Ces derniers étaient aimantés par sa technique, son authenticité mais aussi par sa réputation de “peintre maudit”.

Le jeune homme fut victime de nombreux procès en diffamation et jeté en prison pour divers délits, tels que des troubles de l’ordre public, des dettes de jeu, etc. Plusieurs témoignages écrits de ses premiers biographes et des archives donnent plus de détails sur ces allégations. Malgré tout, il rencontra un très grand succès toute sa vie durant. De ce fait, de son adolescence à sa mort, il bénéficia d’une clientèle très haut placée et de soutiens divers. Mais surtout, il profita de la protection de personnages très puissants.

“David tenant la tête de Goliath” : une mise en abime funeste

Détail de la tête de Goliath - autoportrait du Caravage
Détail de la tête de Goliath – autoportrait du Caravage

La date de réalisation précise de cette toile est assez floue encore aujourd’hui. En effet, un des traits caractéristiques de l’artiste est de ne jamais signer ou dater ses oeuvres (sauf une exception). De ce fait, estimer la chronologie de sa production demande une attention toute particulière.

Parmi les renseignements à notre disposition se trouvent la date de sa mort en 1610. Ajoutée à cela l’information que cette toile se trouvait enroulée dans ses bagages à ce moment-là. Son décès eu lieu en Toscane sur la côte. À cette époque, Le Caravage fut banni des états pontificaux de Rome. Condamné à la peine capitale pour meurtre, il pris la fuite afin d’éviter la mort. Cette histoire participe à sa réputation sulfureuse de “peintre maudit”. Même s’il vécut une courte vie, celle-ci fut néanmoins trépidante et marqua ainsi les esprits.

De nombreuses études démontrent que le visage de Goliath sur la peinture, n’est autre qu’un autoportrait du Caravage. Telle une mise en abime funeste, l’artiste se représente décapité alors que sa tête était alors mise à prix. Obligé de fuir et de se cacher pour éviter une morte certaine, il trouva refuge auprès d’une grande famille. Celle-ci le cacha et l’aida à s’enfuir vers le sud de l’Italie, vers Naples, en dehors de la juridiction du pape.

“David tenant la tête de Goliath” : synthèse de l’apport du Caravage à l’art du 17e siècle

Cette oeuvre est un condensé de l’art du Caravage et de son apport décisif à la peinture du XVIIe siècle.

Le Caravage - David tenant la tête de Goliath, vers 1608
David tenant la tête de Goliath – huile sur toile, 125 x 101 cm, Galerie Borghese, Florence

Passé maître dans l’art de la mise en scène, il excelle en ce qui concerne la dramatisation et la théâtralisation de ses sujets. Pour ce faire, il utilise deux autres stratagèmes qui tiennent le spectateur en haleine. Sa maîtrise des proportions, des raccourcis, de l’anatomie et son génie des couleurs donnent à chacun de ses toiles une dimension profonde et pénétrante. Son observation fine et poussée du monde physique propose un naturalisme radical qui permet à l’oeuvre d’évoluer vers une autre dimension. De telle sorte que sa peinture est propulsée dans la modernité grâce à la maîtrise du clair-obscur. Cette brutale opposition d’ombre et de lumière demeure la grande innovation de l’artiste. Il est à noter que sur la toile de David tenant la tête de Goliath, on distingue nettement l’opposition de couleurs très lumineuses d’un côté (le buste de David) et très foncées de l’autre (le fond noir).

Conclusion

Enfin, si le XVIIe siècle est souvent associé à une période classique, il est également une période de l’histoire de l’art où la peinture revêt des accents réalistes. “David tenant la tête de Goliath” rappelle le réalisme provocant employé par le Caravage dans ses oeuvres. À l’origine d’une quarantaine de toiles son influence fut considérable. Parmi les artistes qu’il a le plus influencé se trouvent la célèbre Artemisia Gentileschi reprenant le thème de Judith et Holopherne vers 1615-1620, traité par le Caravage vers 1598. Il fait parti de ses artistes qui ont révolutionné l’art de leur époque. Et pour cause, le XVIIe siècle n’aurait pas été ce qu’il fut sans son apport.

La fiche complète de l’oeuvre sur le site internet de la Galerie Borghese

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