Botticelli – Artiste & Designer

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Publié le

17 septembre 2021
Expositions, Peinture, Renaissance
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Botticelli : L’exposition de la rentrée à ne pas manquer au musée Jacquemart André à Paris du 10 septembre 2021 au 24 janvier 2022 !

Alessandro Filipepi dit Botticelli : une exposition des débuts de l’artiste jusqu’à la maîtrise de son art

L’exposition du musée Jacquemart-André propose un parcours chronologique et thématique de la carrière artistique de Botticelli (v. 1445-1510). De ses débuts en tant qu’orfèvre (d’après Giorgio Vasari), il poursuit son apprentissage dans l’atelier du célèbre peintre Fra Filippo Lippi (1406-1469). C’est notamment auprès de ce dernier, grand amateur de sujets religieux et de madones, qu’il puisera son goût pour un certain type féminin. Contrairement à beaucoup d’apprentis qui ne sortaient jamais vraiment de l’influence de leur maître, Botticelli a su s’affranchir et dégager son propre style. Il a ainsi créé cette esthétique si particulière et harmonieuse qu’on lui reconnait aujourd’hui. Perméable à la scène artistique de son temps, il a également considérablement influencé les artistes florentins du Quattrocento.

Botticelli, illustrateur et “designer

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L’exposition du musée Jacquemart-André sur Botticelli met l’accent sur la modernité de la démarche artistique de l’artiste : gestion de son réseau professionnel, choix et diversité des commandes qu’il reçoit et auxquelles il peut répondre. En effet, peintre d’histoires (Jugement de Pâris, Retour de Judith à Béthulie), Botticelli est également recherché pour ses talents de portraitiste, notamment par les Médicis. Ces derniers soutiennent la scène artistique de Florence à cette époque. On retrouve d’ailleurs au sein de l’exposition le célèbre portrait commémoratif de Julien de Médicis assassiné en 1478. 

Par ailleurs, la notion de « designer » souligne la capacité qu’avait Botticelli à réemployer ses propres motifs et modèles pour créer de nouvelles oeuvres. On retrouve notamment les prototypes des Vénus dites pudiques. Celles présentées au musée Jacquemart-André provenaient de Berlin et de Turin. Elles ne présentaient que de discrètes différences : voile chez l’une et non chez l’autre, arrangement différent de la coiffure. Des figures provenant sans doute du même carton. Une pratique rationnelle qu’il a d’ailleurs également utilisée pour couvrir ses nombreuses commandes de tondi religieux.

Également illustrateur de par sa technique linéaire héritée de sa formation d’orfèvre, son style s’adapte à différents supports tels que le tissu (chasuble), les tapisseries, les manuscrits… Il a d’ailleurs contribué à un cycle de dessins destinés à illustrer la Divine Comédie de Dante.

Peinture religieuse et l’influence de Savonarole

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Ce magnifique tondo de la Vierge du Magnificat (v. 1490)est l’une des pièces maîtresse de l’exposition proposée par le musée Jacquemart-André sur Botticelli. D’autres tondi présents dans la salle permettent de constater la maîtrise technique de l’artiste sur ce support rond. Ce format populaire à Florence dans la seconde moitié du XVe siècle est commandé par une clientèle privée. Il permet de jouer avec les compositions et offre de nombreux jeux de perspective. Les commandes étant nombreuses, tant pour les tondi que pour les retables issus de la sphère publique, Botticelli rationnalise sa production en réutilisant les mêmes modèles au sein de son atelier tout en créant de nouvelles oeuvres originales. C’est le cas notamment pour les deux tondi représentant la Vierge à l’Enfant avec saint Jean-Baptiste. Des motifs similaires mais un tableau complètement différent à la fin.

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Enfin, la question demeure, à la fin de l’exposition, sur la réelle influence qu’aura eue Savonarole (1452-1498) et ses prédications sur l’esprit de Botticelli. Nul doute qu’après 1494, à la mort du fils de Laurent le Magnifique, les sermons apocalyptiques du moine sur Florence ont eu une grande influence et générés de nombreuses répercussions. Artistiquement parlant, l’exposition se termine sur une esthétique plus mélancolique, aux formes plus archaïques. Bien que conservant sa douceur, les figures produites par l’atelier de l’artiste semblent moins élancées et occupent un espace disproportionné par rapport à la toile. Peu à peu, ses oeuvres et son art sont oubliés et finissent par passer à la trappe.

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Conclusion : une exposition à voir et à revoir

De ses débuts en tant qu’orfèvre, Botticelli a su dégager son épingle du jeu et créer une esthétique et un art à part entière qui ont connu une grande fortune à Florence au XVe siècle. Entrepreneur, designer et créateur de génie, la lumière portée sur ses oeuvres s’éteindra toutefois à la fin de sa carrière pour renaître avec encore plus d’éclat à partir de sa redécouverte au XIXe siècle et ne plus faiblir dès lors.

Le musée Jacquemart-André propose une exposition sur Botticelli aux dimensions modestes présentant plusieurs pièces remarquables. Si vous en avez l’occasion, je vous conseille d’y retourner au moins une fois, ce n’est pas tous les jours qu’on peut observer de telles merveilles au même endroit. La dernière exposition en France sur l’artiste datait de 2003 au musée du Luxembourg ! Toujours est-il que l’affluence est importante et que la circulation dans les pièces n’est pas toujours évidente. Chacun(e) souhaitant justement profiter de son temps de contemplation ! 

Le catalogue d’exposition propose de très belles illustrations et un retour sur la carrière de l’artiste plus approfondi qu’il me tarde de lire à tête reposée (Culturespaces, 35€).

Avis aux amateurs donc, première exposition notable de cette rentrée 2021 qui annonce une saison particulièrement riche ! 

Si cet article vous a plus n’hésitez pas à faire un tour sur la page dédiée aux expositions ;).

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