Certains passages bibliques ont connu un très grand succès iconographique dans l’histoire de l’art, c’est notamment le cas de l’image de Salomé recueillant la tête de saint Jean Baptiste sur un plateau d’argent. Bernardino Luini (v. 1480-1532), peintre de la Renaissance italienne actif en Lombardie et à Milan, en propose une version avec une Salomé charmante, entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle, aujourd’hui conservée au Louvre.
Un artiste majeur proche de Léonard de Vinci
Si le nom de Bernardino Luini n’était pas connu de tous, au même titre que Léonard de Vinci, il n’en est pas moins l’un de ses grands proches. De plus, il est aujourd’hui au centre d’une grande polémique. Considéré comme l’un de ses meilleurs élèves et assistants, des experts lui ont attribué la réalisation du fameux Salvator Mundi, un tableau dont la vente en novembre 2017 a atteint 450,3 M€.
Certains de ces experts maintiennent leur position encore aujourd’hui sur la réalisation par Luini de cette oeuvre devenue aujourd’hui légendaire et largement sujette à controverse quant à son attribution et son authenticité. D’après Grégoire Lacroix, directeur du département des tableaux anciens au sein de la maison Aguttes, l’oubli de Bernardino Luini au cours des siècles serait principalement dû au fait que Georgio Vasari, dans son ouvrage Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (1550), l’aurait nommé “di Lupino“. Malgré tout, son nom est aujourd’hui plus que cité et son oeuvre largement plébiscitée.
Une Salomé biblique et inspirée
Salomé recevant la tête du saint Jean-Baptiste est un sujet que Bernardino Luini a peint à plusieurs reprises. La version étudiée est celle présente au musée du Louvre. Elle date d’entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle. Dans les quatre versions Bernardino Luini propose un plan très rapproché des personnages sur fond sombre. Ainsi, l’artiste souligne le drame du sujet, lequel occupe tout entier l’espace de la toile. Bernardino Luino détourne le regard de Salomé de la tête de saint Jean-Baptiste. Une manière pour l’artiste de traduire la répugnance éprouvée par la jeune femme face à cette tête coupée.
Salomé est parfois représentée comme une femme mauvaise et perverse qui aurait sciemment demandé la tête du saint. Toutefois, l’artiste la rapproche ici du texte biblique (Matthieu, XIV, 3-11). Donc dans ce passage, c’est sous la pression maternelle que la fille d’Hérodias demande la tête du prophète. De sorte à la lui présenter dans un plat ensuite. De même, ses traits fins et sa blondeur la rapprochent des représentations de la Vierge de son maître Léonard de Vinci. Un art maîtrisé où la beauté et l’éclat de Salomé contrastent dramatiquement avec le teint blafard du saint sacrifié.
Et pour davantage de décollations, vous pouvez faire un tour par Le Caravage et son “David tenant la tête de Goliath” !