Le Roman de la Rose et le manuscrit H246 de Montpellier

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Publié le

25 avril 2020
Moyen-Âge

Le Roman de la Rose fût le roman le plus lu du Moyen âge. On pourrait même le qualifier aujourd’hui de “Best Seller” médiéval. Parmi les nombreux exemplaires conservés beaucoup sont richement enluminés. Je compte rédiger plusieurs articles sur cette thématique. Le H246 constituera une base pour l’analyse, les illustrations et les comparaisons des différents sujets évoqués par la suite. Ce manuscrit enluminé du début du XIVe siècle est conservé à la bibliothèque de médecine de Montpellier.

L’histoire du Roman de la Rose

Pour une présentation détaillée, je vous invite à consulter ce site internet. Il constitue une référence dans l’analyse de ce roman au travers des siècles. Il dispose également d’une visionneuse en ligne qui vous permet de consulter des ouvrages du Roman de la Rose numérisés.

Roman de la Rose - couverture du livre

Le Roman de la Rose est un ouvrage combinant les écrits de deux auteurs. Commencé par Guillaume de Lorris vers 1230, il est achevé par Jean de Meung vers 1270. Une lecture que je conseille à tout un chacun, en particulier les médiévistes, car elle rassemble une telle quantité de savoirs qu’il serait dommage de s’en priver. En plus l’histoire est vraiment prenante, il ne faut pas avoir peur de l’épaisseur du livre !

Ma version préférée est chez Le Livre de Poche dans la collection Lettres Gothiques dirigée par Michel Zink (avec la page en ancien français qui fait face à la traduction – voir l’exemplaire ici). L’introduction rédigée par Michel Zink permet d’aborder les nombreuses clefs de lectures de l’ouvrage. Il permet également de contextualiser l’histoire de Roman de la Rose dans son époque et d’avoir un aperçu de la littérature médiévale du XIIIe siècle. De sorte que vous appréhenderez les notions de fin’amor ou d’amour courtois avec plus d’aisance.

Guillaume de Lorris, l’amour courtois et idéalisé dans le Roman de la Rose

La partie rédigée par Guillaume de Lorris prend la forme d’un poème d’amour allégorique évoquant une vision onirique. Le narrateur, un jeune homme de 25 ans, nous conte un songe qu’il aurait fait quelques années auparavant. Dans ce rêve, il rapporte avoir voyagé jusqu’à un jardin clos dans lequel il vit le reflet d’un rosier dans la Fontaine de Narcisse. Alors qu’il s’apprête à choisir sa fleur, le Dieu de l’Amour l’atteint de plusieurs flèches. Il tombe alors éperdument amoureux de l’une d’entre elles.

L'Amant baise la Rose devant Bel Accueil (fol. 26v)
Détail du H 246, fol. 26v
L’Amant baise la Rose devant Bel Accueil

Logiquement il tenta par la suite de cueillir cette rose tant convoitée. Peine perdue, la Rose est protégée par des gardiens très scrupuleux ! Il réussit toutefois à lui arracher un baiser. Une faveur qui lui coûtera très cher car elle n’a pas échappée aux gardes. Ces derniers emprisonnent alors la Rose avec encore plus de vigueur dans le château de Jalousie. Le poème de Guillaume de Lorris s’achève lorsque le protagoniste se lamente sur son sort. En effet, il craint de ne jamais pouvoir atteindre l’objet de son amour et désespère, comme tout jeune homme privé de sa belle. Il rencontre tout au long de sa quête un grand nombre d’allégories endossant les rôles d’adjuvants et d’opposants aux noms très évocateurs (Danger, Peur, Jalousie ou Malebouche d’un côté et Vénus, Nature, Bel Accueil ou le Dieu Amour de l’autre).

Détail des visages dans le H246
H246 – Détail des visages des personnages de (de g. à d.) : l’Amant (fol. 13r), Bel Accueil (fol. 26v), la Vieille (fol. 105r), Genius (fol. 137r) et Vénus (fol. 145v).

Jean de Meung, la somme des savoirs et l’amour satirique

L'auteur à son pupitre d'écriture folio 29v
H 246 – L’auteur représenté
à son pupitre – fol. 29v

La partie du Roman de la Rose de Jean de Meung est totalement différente de son précurseur. Il usa et abusa de nombreux discours allant de la philosophie à l’astronomie, il discuta entre autres de Boèce, Virgile, rapporta les épîtres d’Abélard et Héloïse et discuta même (de manière satirique) de la condition de la femme. Jean de Meung se sert davantage de la trame du récit et des dialogues entre les personnages comme d’un prétexte à partager des discours érudits interminables (mais très intéressants je vous assure !!). Il conclut le récit enfin par un assaut, le siège du château dans lequel la Rose était confinée. Son ton beaucoup plus grivois et plein de sous-entendus est totalement à l’opposé de la vision idéalisée de l’amour courtois engagée par Guillaume de Lorris quarante années plus tôt.

À propos du H 246

détail du dos de la reliure du H246
H 246 – Reliure
Détail du dos

Ce manuscrit du Roman de la Rose est actuellement conservé dans la bibliothèque de Médecine de Montpellier sous la cote H 246. Il est daté du XIVe siècle par les bases de données en ligne et plus précisément du deuxième quart d’après Ernest Langlois*. L’ouvrage est composé de 155 feuillets en parchemin à deux colonnes de 38 lignes. Il mesure 285 x 204 mm et possède une reliure en cuir très abîmée. Une des richesses du H 246 apparaît dans la profusion des miniatures qu’il contient. Celles-ci, au nombre de 75, scandent le texte tout au long du manuscrit afin de proposer une large illustration des vers du Roman de la Rose.

* D’après la notice de l’ouvrage rédigée par E. LANGLOIS, Les manuscrits du Roman de la Rose, Genève, Slatkine Reprints, 1974 (1910), pp. 135-137.

h246 danger Consulter l’article sur l’art de l’enluminure au XIVème siècle

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